Donner son sang, son plasma, ses plaquettes
Jérémy Lecour
21 décembre 2022
Je donne régulièrement mon sang depuis quelques années. Je suis O- donc c’est bien recherché. Pour la première fois, j’ai donné plasma et plaquettes.
L’EFS me traque depuis longtemps pour que je donne des plaquettes mais c’est trop long pour mon emploi du temps habituel donc j’avais reporté jusque là. Et plusieurs personnes m’ont dit que c’était inconfortable, surtout le retour après la séparation du plasma et des plaquettes donc je n’étais pas si pressé que ça.
À l’occasion de quelques jours de congés j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai transformé mon rendez-vous régulier de don de sang en don de plaquettes et plasma.
Avant le traditionnel formulaire avec les questions de santé, on m’a fait un petit prélèvement de sang pour vérifier que tout va bien (fer, plaquettes…). Tout était OK pour moi donc on m’a installé. Je pensais faire juste les plaquettes, mais ils pont pris aussi le plasma ; 1 pierre, 2 coups.
Le principe est de prélever du sang, de le passer à la centrifugeuse pour séparer le plasma et les plaquettes (qui vont dans des poches dédiées) et l’hématocrite que l’on renvoie dans le bras par la même aiguille. Un écran donne toutes les infos en temps réel : prélèvement ou retour, pression, temps écoulé, volumes collectés. Selon les mesures du prélèvement initial, la machine calcule ses paramètres. J’étais parti pour 75 minutes de don.
Le premier retour de sang est surprenant : une sensation bizarre dans le coude, mais aucune douleur. Il faut masser une balle molle pendant tout le temps pour maintenir une bonne pression.
Au bout d’un moment j’ai eu froid. C’est normal, mais pour le confort et surtout pour éviter que les vaisseaux ne se contractent il faut se réchauffer.
Le prélèvement entraîne aussi une chute de calcium, avec des picotements dans les lèvres ou un goût de fer selon les gens, mais un petit cachet de complément fait disparaître ça très vite.
Comme d’habitude avec les dons de sang… il faut bien s’hydrater pour la fluidité du sang, et donc ne pas oublier de passer aux toilettes avant de commencer. Malgré ça, l’effet diurétique du don m’a surpris vers la fin et les 15 dernières minutes étaient difficiles.
Il paraît que ça fatigue pas mal, mais 24h plus tard, je ne me sens pas vraiment plus fatigué que d’habitude.
Le technicien a été adorable. Il a répondu à toutes mes questions de curieux, m’a expliqué à quoi m’attendre sur les effets…
Toute l’équipe a été aux petits soins avant/pendant/après. Ils font tout pour que le don soit confortable.
Le temps de prélèvement était parfait pour que je regarde une série (j’ai démarré Sandman). On m’a même prêté un support pour mon téléphone. S’il ne fallait pas masser la balle, j’aurais même pu faire une sieste ;)
Au final tout s’est hyper bien passé et j’en ressort content d’avoir donné un peu de temps et de sang pour sauver des gens. J’ai pris mon prochain rendez-vous de don de sang et ils me reverront probablement pour du plasma et des plaquettes lors des prochaines vacances.
HAProxyConf 2022
Jérémy Lecour
10 novembre 2022
J’ai été orateur à la conférence HAProxyConf 2022 à Paris. Ça a été un immense challenge pour moi. Je vous raconte.
Tout le contenu que j’ai utilisé est dispo dans un dépôt GIT (diaporama, configuration complètes, images…). La vidéo est disponible sur Youtube.
La proposition
En juillet 2022, j’ai cité un Tweet de @nixCraft, pour mentionner l’utilisation du « PROXY protocol » dans un contexte de proxification de service web.
Deux jours plus tard j’ai un message de @HAProxy m’invitant à faire une proposition de présentation pour la conférence HAProxyConf prévue pour novembre à Paris.
HAProxy est un logiciel qu’on utilise beaucoup chez Evolix et que j’apprécie particulièrement. Il est présent dans de nombreuses infrastructures mises en place pour nos clients. Mais surtout il est un composant majeur de notre solution « Boost », un accélérateur web, une sorte de CDN (sans la répartition géographique).
À regret je n’avais pas participé à l’édition 2019 à Amsterdam à cause notamment du coût (trajet, hôtel, ticket d’entrée…) mais là l’occasion était rêvée.
Grégory et moi avons récemment travaillé sur une présentation dédiée aux load-balancers et au cache HTTP (très inspirée de ce qu’on fait dans Boost). Elle a été présentée à la conférence VVT et le sera à nouveau au Capitole du Libre à Toulouse (une vidéo sera probablement disponible). J’avais envie de pousser plus loin les détails techniques liés à quelques fonctionnalités internes de HAProxy et Varnish, pour un auditoire déjà familier avec les bases.
J’ai souvent présenté dans des conférences assez variées, mais presque toujours en français. Les 2 rares exceptions en anglais étaient à RuLu 2013 (en solo) et DebConf 2017 (avec Grégory), pour un résultat pas totalement satisfaisant à mon goût.
Je me sentais tout à fait capable de préparer un contenu pertinent, je n’avais plus qu’à surmonter la difficulté de le faire en anglais.
Challenge accepted!
Début septembre, j’ai eu confirmation de l’acceptation. Plus moyen de reculer.
Tout de suite j’ai compris que j’avais à faire à une organisation professionnelle : rétro-planning des moments importants, visio pour échanger questions/réponses à l’oral, proposition de gabarits de diaporama, proposition de session de répétition en ligne, prise en charge financière et logistique du transport et de l’hébergement pendant la conférence… Ça s’est avéré à la fois rassurant et stressant.
La préparation
Le repère approximatif dont j’ai souvent entendu parler – 1 heure de préparation pour 1 minute de présentation – s’est encore vérifié, au minimum. Je n’ai pas compté précisément, mais entre le travail d’écriture linéaire en français qui a servi à structurer le contenu, la traduction en anglais, la création d’images et diagrammes, la préparation des diapos et des notes du présentateur, le façonnage des extraits de configuration et enfin les nombreuses répétitions à voix haute… j’ai bien passé mes 30 à 50 heures de préparation.
C’est bien ce temps là qu’il m’a fallu pour commencer à me sentir plus ou moins à l’aise avec ce que j’avais à dire, dans quel ordre, sans réciter par cœur, sans lire bêtement mes notes et sans chaque fois tenter d’improviser un peu et buter sur la construction des phrases.
J’ai tout de même constaté l’évolution bien connue du niveau d’aisance. D’abord on dit n’importe quoi, on bloque toutes les 2 phrases. Ensuite ça commence à rentrer, on réussit à faire des répétitions avec un flot verbal correct et une gestuelle corporelle détendue. Puis en se croyant à l’aise on se concentre un peu moins, on retombe dans des tentatives d’improvisation, et la qualité du résultat baisse. Et finalement on se recentre et on retrouve confiance dans la capacité à bien faire. Par contre, reste jusqu’au bout la peur de merder le jour même, sur scène avec des lumières et des dizaines/centaines de personnes fixés sur soi.
Les orateurs avaient la possibilité d’arriver la veille, pour faire quelques essais et prendre des repères sur la scène. Pas moyen de rater cette occasion. Et c’était parfait pour se rassurer. J’ai passé deux heures avec les autres orateurs à monter quelques minutes sur scène, bien prendre en main le cliqueur et l’organisation des écrans de contrôle, se familiariser avec les caméras, les spots… Le faire pour de vrai le lendemain matin était presque devenu une formalité. Presque.
La présentation
Le diner des orateurs – tradition des conférences – était aussi un super moyen de briser la glace, se mettre à fond dans le bain de l’anglais, et voir que tous les autres sont aussi morts de trouille que soi. Ce petit lien confraternel éphémère qui se crée, pousse ensuite de s’encourager avant de monter sur scène, se féliciter à la descente, et avoir le sentiment qu’on n’est pas seul dans cet exercice aussi jouissif qu’effrayant.
Dans la programmation, j’étais le premier orateur non « interne » HAProxy ; un brin stressant de passer après des têtes d’affiche. En passant après la première pause café, j’ai pu m’équiper tranquillement (micro, cliqueur…) et satisfaire mon petit rituel déstressant : passage aux toilettes, une petite “vocalise” en coulisse pour s’éclaircir la voix et quelques “jumping jacks” pour faire rapidement monter le cardio et diluer l’adrénaline.
Sur scène, on sourit, on regarde surtout les gens et un peu ses notes. On ne tourne pas le dos au public, on ne met pas ses mains dans ses poches ni dans son dos, ni croisées devant. On parle doucement, en prenant bien sa respiration, et en prenant si possible une gorgée d’eau entre chaque partie importante. Pendant les questions on écoute bien, pour ne pas répondre à côté, mais on n’hésite pas à dire « je ne sais » ou « ça mérite une discussion plus longue ».
Une fois le moment fatidique passé, on peut enfin souffler, détendre le nœud qu’on a dans le ventre et profiter du plaisir de l’accomplissement.
Achievement unlocked!
L’avantage de passer tôt dans le programme c’est qu’on peut profiter beaucoup plus sereinement du reste de l’événement. J’ai pu écouter attentivement plusieurs présentations, mais surtout passer de vrais moments avec des personnes compétentes et agréables, à discuter de sujets techniques. Au delà des présentations (souvent disponibles en ligne après-coup), c’est surtout la possibilité des rencontres qui me motive à aller dans ces événements. Discuter de ce que font d’autres personnes avec des outils que je connais (ou pas), partager des connaissances que j’ai et éventuellement avoir des retours constructifs sur ce que j’ai pu présenter.
Je ressors de cette expérience avec la grande satisfaction d’avoir accepté un challenge nouveau – qui m’a coûté de vrais efforts – et d’avoir atteint l’objectif : transmettre des connaissances, d’une manière correcte.
Ça me donne envie de remonter la barre pour une prochaine fois ; potentiellement le FOSDEM – une autre de mes conférences favorites – ou une DebConf pour faire mieux que la fois d’avant.
Des remerciements
Merci à ma compagne et mes enfants qui ont supporté mon stress, mon attention ultra-sélective et mon absence pendant les quelques jours de déplacement…
Merci aux organisateurs de la conférence qui ont fait le pari d’accepter ma proposition, qui ont organisé un accueil confortable et chaleureux et qui m’ont permis de participer à un événement très riche en nouvelles connaissances (humaines et techniques).
Merci aux personnes rencontrées sur place, avec qui j’ai passé de très bons moments.
Merci à toutes les personnes (en particulier mes collègues) qui m’ont soutenu, encouragé et félicité.
Quelques photos
Photos: HAProxyConf, tous droits réservés
Modification du 15 novembre 2022
J’ai proposé ce sujet pour l’édition 2023 du FOSDEM (celle qui a lieu dans 10 semaines), dans 2 variantes.
Une version « main track » de 50 minutes, avec des contenus que j’avais prévus initialement mais que j’ai du retirer pour les 40 minutes de HAProxyConf.
Une version « lightning talk » de 15 minutes, avec beaucoup moins de détails, mais qui donne une idée d’ensemble intéressante.
Il y a beaucoup de propositions pour le FOSDEM, donc la concurrence est rude. Si c’est pas cette année, ça sera une prochaine.
Modification du 23 novembre 2022
HAProxy a publié un article sur son blog pour faire un récap de l’événement. C’est assez détaillé.
Modification du 25 novembre 2022
En mai 2019 on a organisé la mini-DebConf à Marseille. Quelques jours après j’ai commencé la rédaction d’un article rétrospectif. Il est resté à l’état de brouillon pendant plus de 3 ans. Je l’ai dépoussiéré et publié. J’y ai (re)découvert que j’avais été « maître de cérémonie » en anglais. J’avais complètement oublié. Et dans ce brouillon j’ai trouvé un « ressenti », pas très bien écrit mais assez similaire à celui que j’ai eu après cette HAProxyConf. Extrait :
J’ai eu 2 fois l’occasion de faire des présentations en anglais devant des gens (a fortiori des gens que j’estime et sur qui j’ai envie d’avoir un effet positif). Chaque fois j’ai énormément travaillé mon texte, répété à l’usure, jusqu’à être dans un mode plus théâtral que naturel ou spontané. Le stress a été énorme et accompagné d’un sentiment proportionnel de soulagement une fois le moment passé.
Pour cette mini-DebConf où j’ai fait le MC, je ne m’étais pas spécialement préparé (à part mes diapositives) ni répété ce que je voulais dire ou comment tourner mes phrases. J’avais clairement en tête le fond (aidé de mes supports) mais pas du tout la forme. Pourtant j’ai eu à transmettre en anglais un message important à plusieurs dizaines de personnes. Objectivement l’exercice était le même, l’enjeu était similaire.
Je suis sûr d’avoir fait plein de fautes d’anglais, j’ai probablement bafoué pas mal de règles du bon présentateur, mais il paraît que ça passait plutôt bien et puis je ne me suis pas senti perdu ni ridicule. J’ai probablement une leçon personnelle à tirer de ça, pour mes prochaines présentations, en particulier celles en anglais.
Si j’avais relu ça avant de préparer HAProxyConf, ça aurait pu m’aider à relativiser.